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Mon Combray : Du côté de chez moi
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Mon Combray : Du côté de chez moi
20 juillet 2008

Marie Leczinska, Madame Louis XV

Quel destin singulier que celui de Marie Leczinska, fille d'un roi polonais déchu et en exil, qui devient en 1725 l'épouse du monarque le plus puissant d'Europe. C'est cette vie bien curieuse que raconte Jacques Levron dans le livre que je viens d'achever. Rien ne prédisposait cette princesse polonaise aux origines modestes à devenir la femme de Louis XV. Au début du XVIIIe siècle dans l'optique d'une alliance franco-espagnole, l'infante Marie-Anne-Victoire avait été promise à Louis XV. Mais la santé fragile du jeune roi et les velléités de la branche des Orléans nécessitaient d'assurer la continuité de la dynastie des Bourbons. Les ministres du roi entendent donner au plus vite un héritier à la couronne du royaume de France. Or la jeune infante, âgée de cinq ans, n'étant pas en mesure de procréer rapidement, est renvoyée à la cour de Madrid. Le choix de la future épouse se reporte donc sur Marie Leczinska, qui faute de mieux apparait comme la fiancée idéale.

De sept ans son ainée, Marie a 22 ans lorsqu'elle épouse Louis XV. Sans être une "belle femme", selon les canons esthétiques de l'époque, elle séduit rapidement le jeune roi qui en tombe amoureux, au point que celui-ci prétendit "l'honorer" à sept reprises lors de la nuit de noce. Durant dix ans le couple royal vit en bonne harmonie et ces premières années constituent sans doute les moments les plus heureux de la vie de la nouvelle reine. Très féconde, Marie donne dix enfants au royaume de France. Mais ses grossesses à répétition la fatiguent énormément et l'amènent peu à peu à refuser au roi l'accès à sa couche. On lui prête même un jour d'avoir prononcé la fameuse phrase " Toujours couchée, toujours grosse, toujours accouchée ! ". Petit à petit, Louis XV délaisse cette reine qui vieillit mal et dont la légendaire gourmandise la rend replète et victime d'indigestions récurrentes. C'est désormais le temps des maîtresses et des favorites dont je reparlerai dans les semaines à venir.

MarieLeszczynska_Jean_Marc_Nattier

La tradition historiographique a longtemps laissé une image archaïque et effacée de cette reine de France, un peu à contre courant du souffle moderne inspiré par le Siècle des Lumières. Très pieuse, fidèle au parti dévot et à la tradition elle incarne un ancien temps. Ses portraits la représentent souvent avec la tête entourée de fichus de dentelles dépassés, alors qu'à cette époque la mode à la Cour impose aux femmes élégantes d'arborer de magnifiques décolletés et des bijoux luxueux. Sans ambition politique, elle ne prend pas part aux décisions du chapitre, alors que les favorites ne cessent d'intriguer pour placer leurs ministres et sont au coeur des coteries de la Cour. Elle n'en demeure pas moins une femme très intelligente, pleine d'esprit et cultivée, contrairement aux portraits de bigote et frigide que les anciennes biographies peuvent brosser d'elle.

Maire_L      

Trompée publiquement, Marie continue toutefois avec dignité et courage à assurer ses fonctions à la Cour en se pliant aux lourdes règles de l'étiquette. Elle ne se plaint de l'infidélité de son époux que dans les lettres qu'elle adresse à son père Stanislas, avec lequel elle est restée très attachée. Ainsi c'est loin du protocole, entourée de ses enfants et d'une petite cour de familiers fidèles, parmi lesquels Mme de Luynes, que la reine aime à se retrouver dans ses appartements privés. C'est dans ce cadre intimiste, qu'elle a plaisir à partager sa passion pour la musique, la peinture ainsi que la cuisine. Alors que les favorites règnent sur la mode, les froufrous et les jolies parures, Marie quant à elle s'intéresse à la gastronomie et est à l'origine de nouveaux plats. Elle introduit notamment à Versailles les célèbres bouchées et consommé à la reine mais aussi les lentilles.

Les portraits que Nattier a peints d'elle semblent parfaitement traduire sa douceur et sa bonté. Dotée d'une âme mélancolique mais modeste et charitable, la reine fait preuve d'une rare préoccupation à l'égard des plus pauvres. Sa philanthropie la conduit à se consacrer à des oeuvres charitables qui font d'elle une souveraine très aimée du peuple. Alors que Louis XV, en raison de son impopularité, sera enterré quasi clandestinement pendant la nuit, Marie de son côté, aura droit à des funérailles dignes de l'attachement que lui portaient les petites gens.

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