Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mon Combray : Du côté de chez moi

Mon Combray : Du côté de chez moi
Archives
Mon Combray : Du côté de chez moi
31 août 2008

A vos cartables ???

C'est déjà la rentrée et pourtant je n'ai toujours pas de poste. J'ignore encore où je serai affecté et je me languis d'impatience. Attendre pendant deux mois de vacances sans connaître le niveau de sa classe ni l'endroit où se situera l'école constitue à quelques jours de la rentrée une réelle contrainte. D'une part, j'avais envisagé de profiter de mes vacances pour trouver un nouvel appartement assez proche de mon école  et pour éviter d' avoir à me retrouver dans les embouteillages de Bordeaux. Or, faute d'affectation, je suis forcé de repousser mon déménagement à plus tard. D'autre part, j'aurais aussi pu mettre à profit les mois de juillet et d'août pour avancer dans mes préparations de classe et mes progressions, car je déteste travailler dans l'urgence et me sentir pris par le temps. J'apprécie pouvoir prévoir à long terme mes plans de séquences, mais malheureusement les premières semaines de septembre vont devoir être élaborées au dernier moment.

Le clou dans tout cela, c'est que personne ne nous informe sur  notre situation. Ni courrier, ni coup de téléphone ! Même le site de l'Inspection Académique reste totalement muet, tandis que son secrétariat demeure indisponible. C'est à nous de prendre les devants pour découvrir le sort qui nous est réservé et pour ma part j'ai bizarrement appris la mauvaise nouvelle par un syndicat, alors que je n'y ai jamais adhéré. C'est à n'y rien comprendre. Je sais juste que ma première rentrée se fera sans élèves et là-dessus je reste un peu amer. Après les dysfonctionnements de l'IUFM, voici déjà ceux de l'Inspection qui pointent le bout de leur nez. Ca promet...

Publicité
25 août 2008

Les jeunes amours de Louis XV, les soeurs de Mailly-Nesle

Jeudi dernier a été diffusé sur France 2, dans le cadre des programmes estivaux de l'émission de Stéphane Bern, Secrets d'histoire, une galerie de portraits relative aux favorites de Louis XIV et de Louis XV. J'ai beaucoup apprécié l'orientation de ce documentaire, car il a répondu à une logique de réhabilitation de ces grandes dames qui ont régné dans le coeur des deux grands monarques des XVIIème et XVIIIème siècles. Longtemps considérées comme des femmes vénales, ambitieuses et sans scrupule, ces "prostituées royales" connaissent un regain d'intérêt comme en témoigne l'abondante littérature qui leur est consacrée. C'est notamment à travers leur rôle de mécène que l'image de ces éminences roses a été réhabilitée, puisqu'elles se comportèrent toutes comme de véritables ministres de la culture et de ferventes protectrices des arts et des lettres.

Les noms de Mesdames De La Vallière, De Montespan, De Maintenon mais aussi De Pompadour et Du Barry sont passés à la postérité. En revanche, celui des soeurs de Mailly-Nesle reste fort méconnu. L'histoire de ces cinq soeurs n'en demeure pas moins des plus cocasses et n'a rien à envier aux vaudevilles les plus réussis. Tout à tour, ces descendantes du cardinal Mazarin devinrent les premières maîtresses de Louis XV comme le raconte Michel de Decker dans son ouvrage Les jeunes amours de Louis XV.

louise_pauline_marie_anne

C'est d'abord l'aînée, Louise, qui partage le lit du roi après que la reine Marie Lezcinska, fatiguée par ses maternités, lui ait refusé l'accès à sa couche. Pendant longtemps, leur liaison demeura clandestine et ne devint publique qu'à partir de 1738. Louise, mariée sans amour à son cousin le comte de Mailly, semble avoir sincèrement aimé le roi si bien qu'elle ne chercha jamais à profiter de sa situation de favorite, à l'opposé de ses autres soeurs qu'elle fit naïvement venir à Versailles. Très vite, Louis XV jeta son dévolu sur Pauline, sa soeur cadette et lui fit épouser le comte de Vintimille avant d'en faire sa maîtresse. La jeune femme, qui soit dit en passant était un joli petit laidron, ne tarda pas à tomber enceinte et donna naissance à un petit Charles-Emmanuel, que la Marquise de Pompadour cherchera plus tard à marier à sa propre fille. On surnomma même cet enfant illégitime "demi-louis" en raison de sa grande ressemblance avec son père biologique.

Pauline meurt cependant en couches et son décès rapproche un certain temps le roi inconsolable et Louise du Mailly. Le bonheur de cette dernière n'est que furtif, puisque les venues à Versailles de ses soeurs Diane, duchesse de Lauraguais, et Hortense, marquise de Flavacourt, attisent la flamme du monarque. Sil est prouvé que Diane passa dans les bras du roi, le doute persiste sur Hortense qui aurait sans cesse refusé ses multiples avances.

Mais c'est surtout avec l'arrivée de sa dernière soeur Marie-Anne que Louise perdit définitivement son amant royal.  Cette jeune veuve, dotée d'un physique avantageux apparaît en effet comme la petite peste de la famille. Louis XV couvre de cadeaux cette femme capricieuse qui désire feindre son ambition de devenir la favorite du roi. Il la fait duchesse de Châteauroux et Marie-Anne obtient même de lui que sa soeur Louise quitte Versailles. Tandis que la malheureuse se réfugie dans un couvent où elle meurt à 41 ans, la nouvelle maîtresse ne cesse de se mêler de politique et impose au roi ses ministres. Elle devient rapidement très impopulaire et fait rare, elle suit même le roi au front. Tombé gravement malade à Metz, Louis XV qu'on croit mourant est contraint de renvoyer sa favorite sous peine de ne recevoir l'absolution et d'être condamné aux flammes  l'enfer. Le roi demande alors pardon à Dieu pour son comportement indigne du roi très chrétien qu'il est, et on oblige Marie-Anne à fuir en catastrophe Metz, sous des jets de pierres et les huées d'une foule très hostile. Ayant échappé à la mort, Louis XV fut dès lors surnommé "le Bien-Aimé", mais en dépit des promesses de fidélité qu'il avait adressées à la reine il ne fut pas long à vouloir renouer avec sa chère et tendre Marie-Anne. Le destin en décida toutefois autrement et la duchesse de Châteauroux mourut peu de temps après, sans avoir officiellement été réintroduite à Versailles.

Quelques années plus tard, à l'époque où Louis XV aura choisit la Marquise de Pompadour comme sa nouvelle favorite, ce sera au tour d'une des cousines de soeurs Mailly-Nesle, une autre Marie-Anne, de charmer le roi. Comme quoi le roi ne choisissait pas sa Dame de Coeur dans un jeux de cartes ordinaire, mais plutôt dans un jeu des sept familles !

22 août 2008

Wall-e

J'ai été voir récemment avec mon meilleur ami le dernier Disney, Wall-E. Il s'agit d'un dessin animé plutôt mignon mais dont l'intrigue reste à mon sens un peu trop compliqué pour un public d'enfants. Les thèmes du développement durable et de l'écologie sont très à la mode, mais je reste sceptique sur la portée du message citoyen véhiculé par ce film d'animation.

Wall_e


L'histoire se passe dans le futur ( en 2700 ...) après que la Terre ait été dévastée en raison de la surabondance des déchets produits par les hommes. Seul un robot nommé Wall-E, dont la mission est de nettoyer la planète subsiste sur celle-ci. Avant que l'espèce humaine ne s'éteigne, une partie de la population de la Terre est partie s'exiler à bord d'un vaisseau spatial. Ces humains y mènent une existence qui prend la forme d'une utopie cauchemardesque : ils vivent dans un monde virtuel et aseptisé. Ils sont en outre entièrement dirigés pas une horde de robots à leur service mais qui participe à leur totale aliénation. Wall-E lui de son côté évolue dans un monde désertique et poussiéreux aux couleurs mordorées et ocres. Il ne cesse de compacter des montagnes de déchets.  Doté cependant de vrais sentiments humains, il doit faire face avec mélancolie à une solitude qui lui pèse beaucoup, jusqu'au jour où il rencontre une robot(e) et qu'il en tombe éperdument amoureux. Ce robot s'appelle Eve : il s'agit d'une sonde envoyée par la navette sur Terre à la recherche d'une éventuelle forme de vie et dans l'espoir de recoloniser un jour la Terre. Mais alors qu'elle découvre au milieu des monticules de détritus une fragile petite plante verte, Eve est rappelée dans l'espace et Wall-E décide de partir à sa recherche.

Ce dessin animé quasi muet, à la fois plein d'humour et émouvant, m'a beaucoup touché. Au délà de la romance délicieusement mièvre entre les deux robots, ce film met en avant notre responsabilité face à la dégradation de notre environnement et souligne l'attentisme dont nous faisons preuve à l'égard des innovations techniques qui pourraient préserver à l'avenir l'écosystème de notre planète.

21 août 2008

Mesdames de France, les filles de Louis XV

J'ai déjà parlé sur ce blog de la personnalité de Marie Leczinska, reine France et épouse de Louis XV, qui donna à la couronne dix enfants, dont huit filles qui bien que princesses connurent pour le moins un destin douloureux et tragique. C'est la vie pleine d'insignifiance de ces princesses que retrace l'ouvrage de Bruno Cortequisse.

Mesdames_de_France


Les maternités à répétition de la reine lassent rapidement la Cour ; l'arrivée d'héritiers mâles étant toujours mieux accueillie et faisant l'objet de célébrations fastueuses. Les naissances des dernières princesses se déroulent même dans un quasi anonymat et passent inaperçues. Afin de différencier et reconnaître ces nombreuses princesses, on prit l'habitude de les surnommer Madame Première, Madame Seconde, Madame Troisième etc... en fonction de leur ordre d'arrivée dans la famille royale, traduisant ainsi le peu d'intérêt qu'on accordait à ces jeunes filles.

Elevées pour la plupart d'entre elles à l'écart de leurs parents dans l'abbaye de Fontevrault, elles commencent à mener à leur retour à Versailles une existence monotone, veillant scrupuleusement à suivre au pied de la lettre l'Etiquette que leur imposait leur rang. Seule l'ainée, Louise-Elisabeth se mariera et deviendra Infante d'Espagne. Elle continuera cependant à faire face aux affres d'une cour Madrilène austère et hostile, mais aura le plaisir de revenir à deux reprises à Versailles pour rendre visite à sa famille. Ses soeurs resteront elles célibataires et tous les projets matrimoniaux envisagés par Louis XV se solderont par des échecs. Pour donner du sens à leur vie vaine et ennuyeuse, Mesdames se réfugient dans l'étude de la musique et suivent l'exemple de leur mère en s'adonnant à des oeuvres de charité. Influencées, par leur frère, le Dauphin Louis-Ferdinand, elles ne cessent également de s'opposer à leur père et lui reprochent ses aventures extraconjugales. Elles intègrent alors le clan des opposants de la Pompadour ou de la Du Barry. Pour pardonner à Louis XV ses pêchers, sa dernière fille Louise-Marie entre même au couvent des carmélites abandonnant ainsi le luxe de Versailles pour la rudesse du couvent.

A la mort de leur père et à l'avènement de Louis XVI, elles passent du statut de filles du roi à tantes du nouveau monarque. Elles continuent à incarner la "vieille cour" de Versailles en opposition aux écarts de Marie-Antoinette vis-à-vis de l'Etiquette. Ces vieilles filles bigotes et sans esprit contrastent avec le style moderne et éclatant imposé par la nouvelle reine. D'eux d'entre elles, Mesdames Adélaïde et Victoire, connaîtront la Révolution, émigrant en Italie et assistant impuissantes à l'effritement d'un régime qui les avait enfermées dans une prison dorée.

5 août 2008

Le château de Fénélon

DSCF1605


C'est à Sainte-Modane, du côté de Sarlat, que j'ai pris plaisir à découvrir le château de Fénélon. Cette imposante forteresse, en raison de sa double enceinte, témoigne d'un dispositif défensif impressionnant. Mais derrière les meurtrières, les créneaux et autres échauguettes se cache un donjon qui retrace l'histoire du mobilier et des arts décoratifs. La cuisine est meublée à la façon médiévale tandis que la salle à manger à été aménagée selon le goût de la Renaissance. Aux étages supérieurs, plusieurs chambres ont été reconstituées avec du mobilier datant du Grand Siècle, mais aussi du XVIIIème avec les influences du style rocaille et des chinoiseries, ainsi que du début de l'Empire avec un retour aux codes du classicisme et des références à l'Egypte, suite aux campagnes militaires de Napoléon. On retiendra également la présence d'un remarquable cabinet de curiosités, d'une salle d'armes et d'une chapelle.

Ce château fut habité par la famille des Salignac dont le plus célèbre représentant fut Fénélon, évêque de Cambrai qui occupa la charge de précepteur du Duc de Bourgogne, dauphin de France et petit-fils de Louis XIV. Fénélon naquit dans ce château et la légende rapporte qu'on planta un cèdre le jour de sa naissance. Ce cèdre est toujours visible et mesure plusieurs mètres de haut. Le précepteur du dauphin de France écrivit notamment pour son disciple les Aventures de Télémaque, roman pédagogique, dont la dimension satirique à l'égard du pouvoir absolutiste du Roi-Soleil, précipita sa disgrâce mais en fit l'un des précurseurs des philosophes de Lumières.


fenelon

Publicité
29 juillet 2008

Voyage au centre de la Terre

J'abandonne un moment l'évocation des sites et des villages historiques par lesquels je suis passé dans le Périgord pour mettre l'accent aujourd'hui sur les galeries souterraines que j'ai découvertes au cours de mes vacances. En raison de la chaleur extérieure, j'ai fortement apprécié me promener à quelques mètres sous terre pour profiter d'une température avoisinant les 13°C. Les grottes que j'ai visitées ne témoignent en aucun cas d'une occupation humaine : ce ne furent pas des habitats préhistoriques et elles ne possèdent pas de peintures rupestres. Elles se caractérisent en revanche par de remarquables concrétions. J'ai ainsi visité le Gouffre de La Fage, celui de Padirac ainsi que les Grottes de Lacave. J'ai beau avoir fréquenté à chaque fois trois guides différents, si j'arrive à faire la différence entre une stalagmite et une stalactite, je reste cependant incapable d'expliquer comment elles se sont formées chimiquement. L'article concrétion de Wikipédia ne m'est à cet égard d'aucun secours, car je reste imperméable aux termes de calcite ou encore de spéléothème qui me rappellent avec douleur des TD de chimie que je redoutais tant.

DSCF1608


J'ai pris néanmoins beaucoup de plaisir à chercher dans ces concrétions des figures animales, végétales ou symboliques. Ici, telle stalagmite pouvait être rapprochée d'une statue de la Vierge, une autre d'un éléphant, une troisième de la Basilique Sainte-Sophie ou du Mont Saint-Michel. Là, une série de stalactites s'apparentait aux orgues d'une cathédrale et résonnait comme de vrais xylophones. De là même façon, observer le reflet des concrétions dans les étendues lacustres des galeries ou la finesse de certaines draperies m'ont davantage fasciné que les explications jargonnantes des guides sur les différences de couleur que pouvaient présenter les concrétions. Je suis peut-être passé à côté de quelques chose en restant hermétique au volet scientifique de ces visites de grottes et de gouffres. Mais la capacité à s'émerveiller devant la magie des lieux demeure selon moi tout autant importante.

DSCF1609



28 juillet 2008

Turenne et son château

DSCF1582

C'est en me rendant du côté du lac du Causse en Corrèze, que j'ai pu prendre ce cliché de Turenne. Village chargé d'histoire, la cité de Turenne reste avant tout connue pour son château occupé par la famille des la Tour d'Auvergne. Chef des Huguenots au XVIème sicèle, Henri de La Tour d'Auvergne est un proche d'Henri IV. Il incarne la Réforme protestante au coeur du vicomté de Turenne et du Limousin. Deux de ses fils sont passés à la postérité. Le plus connu n'est autre que le Grand Turenne, maréchal de France, qui brilla par ses victoires sous Louis XIII et Louis XIV. Le deuxième, Frédéric-Maurice, compromis dans l'affaire du marquis de Cinq-Mars, se montre à l'instant de son frère un ardent partisan de la Fronde au début du règne du Roi-Soleil. Il reçut notamment dans son château corrézien la princesse de Condé et le Duc D'Enghien.

25 juillet 2008

Curemonte, village médiéval

DSCF1579

Je poursuis l'évocation des sites que j'ai découverts durant mon escapade dans le Périgord, en publiant ce soir quelques photos que j'ai prises au cours d'une randonnée du côté de Curemonte, une cité qui a le privilège de faire partie du label "des plus beaux villages de France". Bâtie sur un promontoire, Curemonte offre un magnifique panorama sur les coteaux vallonnés du vignoble de Branceilles et des espaces boisés, qu'il me fut possible d'admirer en raison d'une journée très ensoleillée.

DSCF1577

Au coeur du village, on retrouve une halle aux grains, des maisons bourgeoises mais surtout trois imposants châteaux médiévaux  : celui de Plas, de Saint-Hilaire et de La Johannie. Ce patrimoine longtemps menacé a subi au cours du XXe une importante restauration pour lui redonner son visage d'antan.


DSCF1575

Ci-dessus la chapelle de La Combe qui date du XIIe siècle et qui se trouve à un petit kilomètre du bourg.

23 juillet 2008

Aubazine, cité abbatiale

Mes vacances dans le Périgord m'ont amené à partir à la rencontre de charmants petits villages que j'ai plaisir à décrire ici. Le premier que j'ai visité se situe à une vingtaine de kilomètres à l'est de de Brive-la-Gaillarde et se nomme Aubazine. La cité doit son développement à une communauté de moines cisterciens qui est venue au XIIème siècle y construire une abbaye. Ils réalisèrent d'importants travaux d'aménagement, notamment un canal de 1.7 km qui permettait d'alimenter le monastère en eau. L'intérieur de l'église témoigne du dépouillement artistique et architectural propre à cet ordre religieux. La nef a été en partie détruite et sert aujourd'hui de place communale. A quelques pas de là, le monastère de Coyroux correspond à la version féminine de cette abbaye. Il n'en reste malheureusement que quelques ruines, alors que les bâtiments réservés aux hommes sont toujours bien conservés et continuent d'abriter une communauté de vie spirituelle.

20 juillet 2008

Marie Leczinska, Madame Louis XV

Quel destin singulier que celui de Marie Leczinska, fille d'un roi polonais déchu et en exil, qui devient en 1725 l'épouse du monarque le plus puissant d'Europe. C'est cette vie bien curieuse que raconte Jacques Levron dans le livre que je viens d'achever. Rien ne prédisposait cette princesse polonaise aux origines modestes à devenir la femme de Louis XV. Au début du XVIIIe siècle dans l'optique d'une alliance franco-espagnole, l'infante Marie-Anne-Victoire avait été promise à Louis XV. Mais la santé fragile du jeune roi et les velléités de la branche des Orléans nécessitaient d'assurer la continuité de la dynastie des Bourbons. Les ministres du roi entendent donner au plus vite un héritier à la couronne du royaume de France. Or la jeune infante, âgée de cinq ans, n'étant pas en mesure de procréer rapidement, est renvoyée à la cour de Madrid. Le choix de la future épouse se reporte donc sur Marie Leczinska, qui faute de mieux apparait comme la fiancée idéale.

De sept ans son ainée, Marie a 22 ans lorsqu'elle épouse Louis XV. Sans être une "belle femme", selon les canons esthétiques de l'époque, elle séduit rapidement le jeune roi qui en tombe amoureux, au point que celui-ci prétendit "l'honorer" à sept reprises lors de la nuit de noce. Durant dix ans le couple royal vit en bonne harmonie et ces premières années constituent sans doute les moments les plus heureux de la vie de la nouvelle reine. Très féconde, Marie donne dix enfants au royaume de France. Mais ses grossesses à répétition la fatiguent énormément et l'amènent peu à peu à refuser au roi l'accès à sa couche. On lui prête même un jour d'avoir prononcé la fameuse phrase " Toujours couchée, toujours grosse, toujours accouchée ! ". Petit à petit, Louis XV délaisse cette reine qui vieillit mal et dont la légendaire gourmandise la rend replète et victime d'indigestions récurrentes. C'est désormais le temps des maîtresses et des favorites dont je reparlerai dans les semaines à venir.

MarieLeszczynska_Jean_Marc_Nattier

La tradition historiographique a longtemps laissé une image archaïque et effacée de cette reine de France, un peu à contre courant du souffle moderne inspiré par le Siècle des Lumières. Très pieuse, fidèle au parti dévot et à la tradition elle incarne un ancien temps. Ses portraits la représentent souvent avec la tête entourée de fichus de dentelles dépassés, alors qu'à cette époque la mode à la Cour impose aux femmes élégantes d'arborer de magnifiques décolletés et des bijoux luxueux. Sans ambition politique, elle ne prend pas part aux décisions du chapitre, alors que les favorites ne cessent d'intriguer pour placer leurs ministres et sont au coeur des coteries de la Cour. Elle n'en demeure pas moins une femme très intelligente, pleine d'esprit et cultivée, contrairement aux portraits de bigote et frigide que les anciennes biographies peuvent brosser d'elle.

Maire_L      

Trompée publiquement, Marie continue toutefois avec dignité et courage à assurer ses fonctions à la Cour en se pliant aux lourdes règles de l'étiquette. Elle ne se plaint de l'infidélité de son époux que dans les lettres qu'elle adresse à son père Stanislas, avec lequel elle est restée très attachée. Ainsi c'est loin du protocole, entourée de ses enfants et d'une petite cour de familiers fidèles, parmi lesquels Mme de Luynes, que la reine aime à se retrouver dans ses appartements privés. C'est dans ce cadre intimiste, qu'elle a plaisir à partager sa passion pour la musique, la peinture ainsi que la cuisine. Alors que les favorites règnent sur la mode, les froufrous et les jolies parures, Marie quant à elle s'intéresse à la gastronomie et est à l'origine de nouveaux plats. Elle introduit notamment à Versailles les célèbres bouchées et consommé à la reine mais aussi les lentilles.

Les portraits que Nattier a peints d'elle semblent parfaitement traduire sa douceur et sa bonté. Dotée d'une âme mélancolique mais modeste et charitable, la reine fait preuve d'une rare préoccupation à l'égard des plus pauvres. Sa philanthropie la conduit à se consacrer à des oeuvres charitables qui font d'elle une souveraine très aimée du peuple. Alors que Louis XV, en raison de son impopularité, sera enterré quasi clandestinement pendant la nuit, Marie de son côté, aura droit à des funérailles dignes de l'attachement que lui portaient les petites gens.

Publicité
1 2 3 4 5 > >>
Publicité